Le mur de Berlin tombe en 1989, l’empire soviétique s’écroule, la guerre froide prend fin, et le monde entre dans une nouvelle époque, notamment celle des nouvelles technologies de l’information et de la communication. Ce tournant est marqué par la première guerre du Golfe dont l’issue rapide fait naître bien des fantasmes sur la maîtrise de l’information ; il est bien sûr aussi marqué par l’apparition d’Internet. Cuba a souffert de la fin de l’empire soviétique. Cuba a pu observer la nouvelle maîtrise technologique de son adversaire américain. Mais l’île n’a pas su prendre en route le train des nouvelles technologies et reste écartée aujourd’hui encore de la société mondiale de l’information, de la cyberculture (§I). Le cyberespace est perçu par les autorités comme une menace, et géré comme tel : car par le biais de l’Internet, le pays peut être victime de l’influence étrangère, de ses idées subversives et des tentatives de déstabilisation. Le cyberespace ne peut exister que dans la mesure où il défend « la Révolution et les principes auxquels Cuba croit depuis des années » [1]. Un embryon de cyberespace existe donc dans ce pays, mais soumis à contrôle, surveillance, régulations, l’objectif demeurant toujours la maîtrise de l’information par la maîtrise de l’outil (§II).