Depuis le mois d’août 2010, le ver Stuxnet ne cesse de défrayer la chronique internationale. Les médias se sont jetés sur cette affaire, comme s’il s’était agi - enfin ? - de la catastrophe majeure tant annoncée (ce fameux Cyber Pearl Harbor que les experts ne cessent de dire « imminent » depuis le milieu des années 1990).D’un côté, les informaticiens ont essayé d’analyser le ver, son mode de propagation, son fonctionnement, concluant qu’il s’agissait là d’un objet nouveau en raison de sa complexité. L’onde de choc provoquée par le ver fut de deux ordres : sa dissémination géographique, semblant se focaliser sur un ensemble de territoires assez précis ; et sa diffusion médiatique, bien plus large semble-t-il (§I).De l’autre, des « experts » ont formulé plusieurs hypothèses (§II) quant à l’origine de l’attaque, ses objectifs, sa nature, ses conséquences sur un plan géopolitique. Mais aucune conclusion ne s’est imposée.Stuxnet est-il une véritable rupture à la fois technologique et stratégique, ainsi que semblent l’affirmer de nombreux analystes ? Les constats vont-ils contraindre à repenser les approches théoriques et doctrinales en matière de cyberguerre ?