Les codes malveillants dits « de document » existaient, à ce jour, essentiellement pour les logiciels de la suite Microsoft Office et, plus récemment, pour ceux d’Open Office. Ce risque est essentiellement attaché, hors vulnérabilités, aux fonctionnalités exécutables des macros. C’est l’une des raisons qui a fait le succès mondial des documents au format PDF (Portable Document Format). Ce format de description de document est actuellement le plus répandu au monde. Il est perçu comme stable, comme le plus portable et surtout comme dénué de risque vis-à-vis des virus. Il s’agit en fait plus que d’un « simple » format de document : c’est avant tout un véritable langage de programmation qui, version après version, a accumulé de nombreuses fonctionnalités puissantes, essentiellement pour la création et la manipulation de document, mais également des fonctionnalités d’exécution. À ce jour, aucune étude exploratoire concernant la sécurité de ce langage n’a été faite, en particulier vis-à-vis du risque viral. De ce point de vue, seuls quelques cas sont connus, lesquels exploitent essentiellement des vulnérabilités des applications gérant les documents PDF. Dans cet article, nous allons présenter les résultats d’une analyse en profondeur de la sécurité du langage PDF et de ses principales primitives, et ce, indépendamment de toute vulnérabilité. Le but est d’explorer de manière la plus exhaustive possible, le risque viral attaché aux malwares écrits en langage PDF qui pourraient agir en détournant et pervertissant certaines de ces primitives pour réaliser des attaques via des documents PDF. Nous présenterons à ce titre deux preuves de concept permettant d’illustrer ces nouveaux risques, d’un point de vue algorithmique. L’article enfin suggérera quelques-unes des mesures de sécurité qu’il est possible de mettre en œuvre pour limiter de telles attaques.
1. Introduction
L’usage généralisé des documents bureautiques constitue un danger potentiel plus ou moins grand, lorsque le format de document concerné et/ou les applications permettant de les gérer (de la création à la manipulation) contiennent des faiblesses conceptuelles ou des failles d’implémentation. Les utilisateurs ne se méfient absolument pas des documents – au sens large du terme – qu’ils considèrent, à tort, comme des données inertes et sans danger. Pour avoir une idée précise de l’étendue de ce danger, le lecteur pourra vérifier [1, 2] qu’au-delà des problèmes de vulnérabilités logicielles, la sensibilité de la plupart des formats de données vis-à-vis du risque infectieux informatique est bien une réalité. Les différences existant d’un format à un autre tiennent essentiellement aux conditions opérationnelles pour mettre en œuvre de telles attaques.
Le problème le plus intéressant et certainement le plus critique tient...
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