Cyberespace et pornographie : une association au service du pouvoir

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MISC
Numéro
57
Mois de parution
septembre 2011
Spécialité(s)


Résumé

L’objet divise le monde. Nous trouvons d’un côté les partisans de la pornographie : ceux qui estiment que la liberté ne peut pas apporter de limitations à son accès (si ce n’est bien sûr aux mineurs), et ceux qui en vivent. De l’autre, les farouches opposants, ceux qui dénoncent la prostitution qui se cache souvent derrière la pornographie, les défenseurs de valeurs morales, religieuses, sociales, culturelles. Steve Jobs se range par exemple dans la seconde catégorie, lui qui compte écarter de l’App Store tout contenu pour adulte. Érotisme, pornographie, nudité sont les malvenus. Mais il paraît difficile aujourd’hui de chasser toute pornographie du cyberespace tant celle-ci est omniprésente. La criminalité a trouvé dans l’association de la sexualité et du cyberespace un nouveau vecteur pour se développer (§I). Mais c’est aussi dans l’utilisation stratégique de cette association que les acteurs à la recherche du pouvoir puisent de nouvelles ressources pour atteindre leurs objectifs : déstabiliser, décrédibiliser, détruire, exclure… (§II).


1. La pornographie au cœur des cyberattaques

1.1. Une industrie innovante

La pornographie a rapidement investi le Web. Celui-ci officiellement né avec l’apparition de Netscape en 1994. En décembre de la même année, un site web fut ouvert, qui proposait des informations pour le tourisme sexuel en Asie. Au début de l’année 1995, ce sont plus de 200 sites qui vendent des services érotiques et précisément 391 sites proposant des contenus pour adultes en août 1995, selon le moteur de recherche Yahoo [1]. Un an plus tard, en août 1996, on dénombrera 1600 sites pornographiques. Mais c’est avant l’apparition du Web que la pornographie s’est installée sur Internet [2]. Il y eut notamment persiankitty.com, annuaire de sites pornographiques, ou seduction.com, créés par Lew Payne [3] au début des années 1990, projets hébergés sur les serveurs de Vianet, un FAI de Palo Alto. Le succès fut tel que les serveurs ne pouvant plus répondre à la demande durent...

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