« Ghost Recon commence en 2008 avec des troubles civils en Russie. Des ultra-nationalistes ont pris le pouvoir à Moscou et veulent remettre en vigueur le Rideau de fer. Leur première action est de soutenir clandestinement des factions rebelles en Géorgie et dans les pays baltes... Durant les premières missions du jeu, les Ghosts doivent combattre les forces rebelles d'Ossétie du Sud, du Nord de la Géorgie, qui sont en train de harceler le gouvernement légitime et ses alliés ». Tel est relaté sur Wikipédia [1] le scénario du jeu vidéo Ghost Recon [2], distribué en 2001. En 2008, la réalité a partiellement rejoint la fiction. La compréhension et l’analyse aussi objective que possible de ce conflit armé qui a éclaté entre la Russie et la Géorgie, aux enjeux géopolitiques et stratégiques internationaux complexes, sont rendues d’autant plus difficiles qu’un fort brouillard d’information voile le paysage. D’information, de désinformation et même de guerre de l’information il a été fortement question lors de ce conflit. Il y a eu la guerre des communiqués, la propagande, les opérations d’influence : l’information dans la guerre a toujours joué un rôle crucial. Il y a eu aussi des cyber-attaques dont furent victimes les deux belligérants (§1). La cyber-guerre se serait invitée au conflit, dénoncée par le discours politique officiel (§2). Il convient alors d’analyser ces cyber-attaques (§3), opérations civiles ou militaires (§4), et de s’interroger sur leur nature, leur origine et leur place dans le conflit (§5).
1. Opérations dans les cyberespaces russe et géorgien
À compter du 8 août 2008, date que, par simplification, nous retiendrons comme celle du début des hostilités militaires, de nombreux sites internet géorgiens ont été paralysés, leurs serveurs pliant sous le choc d’attaques DDoS, ou bien ont été défigurés. Parmi les sites touchés à compter de cette date et au cours de la semaine qui a suivi, on compte ainsi [3] :
- celui du Président Mikhail Saakashvili [4] ;
- celui du ministère des Affaires Étrangères [5] ;
- celui du Parlement [6] ;
- celui du ministère de la Défense [7] ;
- celui de la banque nationale de Géorgie [8] ;
- celui de la chaîne de télévision Rustavi2 [9] ;
- sosgeorgia.org (qui fait depuis défiler sur son site un bandeau pour informer les internautes qu’il fait l’objet d’attaques massives de la part des hackers russes) [10].
La Géorgie ne fut cependant pas seule touchée par ces opérations de hacking...
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