L’actualité du cyberespace s’est tournée vers l’Iran à plusieurs reprises ces dernières années : en 2009, lors de la vague de protestations populaires au cours de laquelle les manifestants firent usage des réseaux sociaux pour interpeller l’opinion internationale, tout comme le feront les acteurs du printemps arabe après eux ; plus récemment avec l’affaire Stuxnet, qui est sans doute, avec les attaques contre l’Estonie de 2007, l’un des jalons majeurs de l’histoire des cyberattaques visant des États, en raison de son impact sur la réflexion juridique et plus largement sur l’analyse des enjeux de cybersécurité et cyberdéfense à l’échelle internationale.Dans une première partie, nous observerons les caractéristiques du cyberespace iranien dont la configuration dépend essentiellement des décisions du pouvoir politique.La seconde partie traitera de la dimension internationale de la gestion du cyberespace par l’Iran, qui en a fait l’un de ses vecteurs d’affrontement avec les États-Unis et Israël notamment, ayant choisi pour cela de se doter d’une cyberdéfense aux capacités significatives, en mesure de résister à de plus grandes puissances. Les événements récents qui impliquent l’Iran ainsi que sa posture de défense et sa stratégie de cybersécurité soulèvent des questions d’ordre théorique : qu’est-ce qu’une attaque et un acte de guerre dans le cyberespace ? Est-il possible de définir et construire un espace national dans le cyberespace, d’y affirmer sa souveraineté ?
1. Le cyberespace iranien
1.1. Quelques données techniques
L’Internet iranien naît au début des années 1990. En 1992, l'Iran se connecte au réseau EARN (European Academic Research Network), l’une des composantes du réseau BITNET, via une liaison vers l'Université de Vienne. En 1993, l'Iran est connecté à l'Internet et dispose de 500 adresses IP. Les premiers utilisateurs sont essentiellement des centres de recherche académiques, puis en 1995 viennent les premiers usages publics [1].
L’Iran, pour une population d’environ 79 millions de personnes, compterait - selon les données publiées sur le site Internetworldstats.com - 42 millions d’internautes, soit un taux de pénétration de l’Internet de 53%. Cette population d’internautes représente d’autre part 46,7% de celle de l’ensemble des pays constituant le Moyen-Orient [2]. Les autres pays de la région les plus fortement peuplés (l’Irak, 31 millions ; l’Arabie Saoudite 26 millions ; le...
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