Coup d'œil sur MeeGo, la distribution GNU/Linux de Nokia, Intel et ... Peugeot !
1. Origines
MeeGo est né de la rencontre de deux industriels, Intel et Nokia, de leurs deux plateformes Linux respectives et d'un besoin commun, celui d'un OS orienté informatique mobile pour leurs plateformes matérielles respectives. Intel disposait jusqu'à présent de sa plateforme Moblin, un temps basée sur Ubuntu avant de passer au format RPM et de son côté, Nokia disposait de Maemo (basé sur Debian), visant les tablettes Internet et le téléphone / Pocket PC N900. La fusion des deux projets vise à réduire la duplication des efforts et à augmenter la visibilité de la plateforme.
MeeGo a officiellement été lancé en février 2010 sous le patronage de la Linux Foundation, un consortium de vendeurs supportant la croissance de Linux. Ce patronage devrait en théorie garantir la nature ouverte du développement du projet (listes de diffusion et repository git visible pour tous).
En Février 2011, Nokia a pris la décision de se tourner vers Windows Phone pour ses smartphones, mais a annoncé simultanément vouloir continuer à investir sur MeeGo comme plateforme d'expérimentation. Un téléphone sous MeeGo devrait même voir le jour cette année. De nombreux constructeurs ayant annoncé leur soutien à la plateforme (dont en France Peugeot PSA !), l'avenir de celle-ci semble assuré.
En dehors des smartphones et des netbooks, MeeGo se positionne comme système d'exploitation pour l'informatique mobile en général, du système de navigation automobile au media center de votre salon.
2. Aperçu utilisateur : MeeGo sur netbook
MeeGo propose pour chacune de ses plateformes cibles une interface utilisateur spécifique (UX), les trois UX les plus avancées étant à l'heure actuelle Netbook, Handset et In-Vehicle Infotainment.
L'interface Netbook UX abandonne complètement l'organisation Bureau / Poste de Travail / Dossier personnel que nous connaissons depuis les années 90. MeeGo est organisé sous forme de « panels », regroupant les activités par thèmes, avec par exemple un panel Web, un panel Périphériques, un panel Réseau, etc.
Lorsqu'on démarre MeeGo, on accède tout d'abord au panel « My Zone », qui présente de facon condensée les derniers documents et applications utilisés sur MeeGo. Ainsi, suite à une session web et un visionnage de photos, le panel « My Zone » prend l'aspect suivant (Fig. 1).
Fig. 1 : Un dock pratique permet de basculer entre les panels.
Sur le haut de l'écran se trouve une barre d'outils automasquable, permettant de changer de panel et d'afficher l'heure, l'état de la batterie et du réseau. On bascule entre les applications déjà ouvertes via le panel
, qui présente un aperçu minimisé des applications (Fig. 2).Fig. 2 : Une nouvelle zone est créée par défaut pour chaque application, laissant à l'utilisateur le regroupement des applications dans les zones, ce qui est peu pratique.
Toute l'interface MeeGo fonctionne au simple clic, permettant aux écrans tactiles d'être directement de la partie. Le Classmate d'Intel, que nous avons utilisé pour le test, possède un écran tactile et nous avons pu vérifier que MeeGo fonctionne parfaitement au stylet et supporte même très bien le mode portrait du netbook.
MeeGo étant en partie basé sur GNOME, on retrouve certaines applications connues comme le gestionnaire de fichiers Nautilus, l'éditeur de texte gedit et certains utilitaires de configuration comme celui du clavier. Le navigateur web par défaut est Chromium, la version open source de Google Chrome.
Fig. 3 : Fennec, la version mobile de Firefox tourne aussi sur MeeGo.
3. Côté développeur
La plus grande différence de MeeGo par rapport aux autres stacks Linux destinés à l'informatique mobile ou embarquée, c'est sa grande similitude avec un environnement de bureau Linux standard. MeeGo intègre ainsi la glibc (contrairement à Android), un serveur X (contrairement à WebOS de HP/Palm), un format de paquets reconnu, RPM (contrairement à Angström). Sa proximité avec le stack Linux avait déjà fait le succès de Maemo auprès des développeurs, en facilitant grandement le portage des applications Linux existantes, comme Firefox, Skype, etc.
Le SDK est basé sur trois composants :
- Qt Creator comme IDE standard, Qt mobile étant le framework recommandé pour développer sur MeeGo ;
- Qemu-gl, une version de Qemu supportant l'accélération matérielle pour le rendu du graphisme du système émulé ;
- MADDE, un outil en ligne de commandes permettant la cross compilation vers la plateforme cible, Qemu/ARM ou Qemu/i386.
Conclusion : MeeGo est-il fait pour moi ?
Après ce tour d'horizon de la plateforme plutôt positif, allons-nous inciter chacun à télécharger MeeGo ? En fait non. La raison est que MeeGo, comme Google Chrome OS, se destine avant tout à l'intégrateur OEM désireux de fournir une plateforme logicielle à son équipement mobile. MeeGo est destiné à être utilisé pré-installé, comme par exemple sur la tablette WeTab.
S'il est bien possible d'installer MeeGo sur son netbook, voire sur son Nokia N900, c'est plus une technology preview qu'autre chose, le support hardware, les mises à jour, le nombre de paquets disponibles étant en-dessous de ce que proposent les distributions GNU/Linux courantes. L'AppStore de MeeGo est par ailleurs encore en développement.
La meilleure façon de profiter des nouveautés de MeeGo est donc peut-être d'attendre que les éléments de l'interface utilisateur (UX) de MeeGo soit packagés dans votre distribution préférée. Le travail a déjà été réalisé pour SUSE et Fedora et a commencé sur Debian. Vous verrez sans doute l'UX Netbook disponible dans votre distribution préférée, bien avant de voir tourner MeeGo sur votre lecteur de DVD !