C'était la fin de journée et je n'avais une nouvelle fois eu aucun client. Je faisais les cent pas dans mon petit bureau, désœuvré. La mise en scène était pourtant bien rodée, prête à impressionner la prochaine personne qui rentrerait dans la pièce : pénombre, fumée savamment distillée par un cigare que je prenais soin d'allumer tous les jours en arrivant et qui se consumait gentiment dans son cendrier, bureau lustré, chesterfield noir, gabardine sur le porte-manteau… J'avais bien étudié mon personnage dans les romans noirs. Malheureusement, malgré tous ces efforts, personne ne venait. Je passais un doigt sur un meuble ; pas un grain de poussière. Il fallait dire que j'avais le temps de faire le ménage. Machinalement, je m'assis à mon bureau et pris le verre de scotch dix ans d'âge qui y était posé. Je regardais la valse des glaçons à la surface du liquide ambré qui suivaient les mouvements circulaires imprimés par ma main. Le cigare achevait de se...
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